Le PIB est insuffisant pour mesurer la richesse et le progrès d’une société : telle était la conclusion du rapport Stiglitz de 2009. Depuis Octobre 2015, 10 nouveaux indicateurs de richesse sont évalués sur le territoire français. Parmi eux, le taux d’ artificialisation des sols : il correspond à un changement d’utilisation des sols naturels, agricoles ou forestiers vers des sols bâtis, revêtus et stabilisés (définition Eurostat) ainsi que les mines, carrières, décharges, terrains vagues et espaces verts artificiels.
Pourquoi ?
L’artificialisation des sols est une pression majeure pour les écosystèmes et par conséquent pour la viabilité de l’espèce humaine, ses filières socio-économiques et sa santé. La dégradation directe des habitats couplée à l’effet de fragmentation des écosystèmes réduit la capacité de ces derniers à s’adapter aux aléas (catastrophes naturelles par exemple) et aux changements globaux. Il en résulte une érosion forte des écosystèmes et des services qu’ils rendent à la société humaine (appui à l’agriculture, réduction des températures, épuration de l’eau, santé, bien-être…).
Cet indicateur mériterait cependant des précisions. En effet, par exemple, le type de matériaux utilisés ou la localisation de l’artificialisation (notamment en zone inondable ou non) ou encore son caractère continu sont des facteurs importants pondérant l’effet de cette artificialisation.
Néanmoins, cet indicateur a l’avantage de faire progresser les pratiques d’évaluation des politiques de notre pays via sa seule croissance économique, très réducteur, vers une évaluation systémique de l’état du pays.
Quel effet sur les politiques publiques ?
Cet indicateur entre en ligne droite avec les objectifs stratégiques nationaux, pour éviter l’étalement urbain et favoriser une densification. Il est en cohérence avec une croissance « intelligente, soutenable et inclusive », promue par la stratégie « Europe 2020 » (Commission européenne).
L’élaboration des politiques publiques déclinées au sein des projets, plans et programmes, pourra être guidée par ce nouvel indicateur. Il incitera à promouvoir davantage la réduction de l’artificialisation. Il permettra en outre d’évaluer l’impact des politiques publiques, par exemple de la compensation écologique et agricole, sur notre cadre de vie.
En plus de l’artificialisation des sols, l’indicateur « empreinte carbone » démontre la volonté de l’Etat à intégrer l’environnement dans l’élaboration et l’évaluation des politiques publiques.
Etat des services écosystémiques, état des corridors écologiques , synergies entre agriculture et écologie ? Allons plus loin pour que ces nouveaux indicateurs répondent aux exigences écologiques, sociales et économiques de notre siècle !